Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Antoine Charpentier
Publicité
Archives
2 janvier 2017

Syrie : Les Droits de l’Homme à la carte

Les Nations Unies ainsi qu’un bon nombre de dirigeants occidentaux relayés par des médias de grande audience ont martelé à toutes les heures de la journée qu’une crise humanitaire est en train de se produire dans les quartiers est d’Alep lorsque l’armée syrienne était en phase de remporter une grande victoire stratégique.

Ce n’est pas un tort de s’inquiéter du sort des civils dans les quartiers est d’Alep. Cependant, ce qui est également inquiétant est le sort des populations civiles sur tout le territoire syrien à cause de la guerre. La manipulation des Droits de l’Homme selon les intérêts de certains gouvernements souhaitant protéger leurs mercenaires, et autres sous-traitants sur place est aussi préoccupante.

Quelques humanistes français et européens suivent aveuglement certains médias de masse qui ne font que les dépouiller de tout esprit critique ainsi et du bon sens. Toutefois, ces mêmes médias à qui les humanistes européens donnent du crédit leurs occultent l’essentiel de ce qu’il se passe en Syrie. La propagande médiatique au nom de la protection des civils, au nom des Droits de l’Homme ne souffle pas un mot sur la détresse que vivent depuis deux ans les habitants de Foua et Kefraya, deux localités syriennes dans la région d’Idlib.

Les défenseurs des Droits de l’Homme se sont insurgés pour sauver les civils de l’est d’Alep. Mais au moment où la propagande était à son apogée, il ne restait qu’une poignée de combattants syriens et étrangers venant en Syrie avec leurs familles pour rétablir le nouveau Califat. Ces derniers ont été évacués par l’armée syrienne.

En revanche, les civils d’Alep ouest, de Foua et Kefraya et du reste de la Syrie ne méritent pas aux yeux des adeptes des Droits de l’Homme français et européens de se pencher sur leur cas. Ont-ils moins de dignité que ceux d’Alep est qui sont sortis massivement vers les régions contrôlées par l’Etat syrien fêtant la victoire de l’armée syrienne ? Une certaine malhonnêteté médiatique s’est installée depuis le début de la crise syrienne mettant l’éclairage sur des situations humaines qui dans le fond ne servent que les intérêts stratégiques des impérialo-sionistes.  Certainement le sort des civils des quartiers est d’Alep était à déplorer, notamment lorsque les combattants les ont pris comme bouclier humain, allant jusqu’à exécuter toutes personnes essayant de fuir[1].

Foua et Kefraya deux localités peuplées de syriens chiites se situent dans la région d’Idlib. Pour Ghanya Dergham journaliste syrienne :

« Les deux villages sont encerclés depuis le 29 mars 2015, par des groupes terroristes appartenant à l’organisation Jaych Al-Cham pratiquants envers les habitants toutes les exactions, les privant de leurs droits les plus élémentaires, coupant l’eau, l’électricité et interdisant l’entrée des secours et le ravitaillement en médicaments, bombardant quotidiennement les deux villages par plusieurs sortes d’obus artisanaux et de missiles de toutes sortes. »[2]

Il convient de préciser que les châteaux d’eaux sont également bombardés et des enfants meurent de faim et de soif.

Il existe à Foua et Kefraya environ 50 000 civils soumis aux pires des blocus. Lorsque les populations sont ravitaillées en avion par l’armée syrienne, les combattants tirent sur les parachutes pour détruire leurs contenus. Ces derniers ont également mis hors d’utilisation les champs agricoles par un bombardement massif de toutes sortes de mortiers, sans oublier ainsi les snipers embusqués afin d’empêcher les agriculteurs d’exploiter leurs champs.

A Foua et Kefraya des blessés attendent la mort par manque de soins. L’hôpital central a été détruit sur la tête de ses pensionnaires. Néanmoins, rares sont les journalistes français et européens qui parlent de ce problème, tandis que les hôpitaux d’Alep transformés en stock d’armes suscitaient toutes les indignations lorsqu’ils ont été bombardés.

Majed Hatmi journaliste syrien précise :

« Les terroristes ont bombardé les habitations civiles, les écoles, les mosquées, les hôpitaux, les champs cultivables, avec des mortiers et des obus de toutes sortes, les mettant hors d’état de fonctionner. Tandis que les snipers tirent sur les bétails afin d’empêcher les habitants de les exploiter. »[3]

Les Droits de l’Homme sont-ils sélectifs ? S’appliquent à la carte et selon les intérêts stratégiques de certains pays ? Ont-ils perdu leur universalité ?

Du moment que les Droits de l’Homme sont applicables pour un groupe d’humain et non pas pour un autre, cela signifie que quelques humanitaires dévoués manipulent ce concept avec les opinions publiques. Quant à certains champions de la liberté absolue, dont la liberté religieuse fait partie, ils savent pertinemment que le seul crime des habitants de Foua et Kefraya est leur appartenance à l’Islam chiite .

Les témoignages donnés lors de l’émission intitulée La Terre diffusée sur la chaîne Al-Mayadeen[4]  montrent que ce sont les habitants de Foua et Kefraya qui défendent les territoires contre les assaillants et lorsque les combattants laissent des convois humanitaires entrer dans les deux villages après avoir obtenu des contreparties de l’Etat syrien, ils confisquent les contenus essentiels au bon fonctionnement des médicaments, des vaccins ou des poches de sang destinées aux blessés, ce qui en rend l’usage impossible. Néanmoins, ces convois humanitaires sont acheminés sous la surveillance des Nations Unies.

Enfin, pourquoi les amoureux des Droits de l’Homme ne s’intéressent-ils pas aux supplices qu’endurent les civils de Foua et de Kefraya, et tout le peuple syrien privé des moindres droits lui permettant de vivre décemment et dignement ?

Antoine Charpentier

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité