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Antoine Charpentier
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7 mars 2020

La Chine au Moyen-Orient à l’heure du déclin occidental

Par Antoine Charpentier

La Route de la soie établie par la dynastie des Hans en 135 av. J.C afin d’ouvrir les routes commerciales de la Chine vers l’Europe via le Moyen-Orient redevient à nouveau l’enjeu mondial par excellence.

Joshua Cooper Ramo, directeur adjoint du Time, compare  «The Bejing consensus» à celui de «The Washington consensus». Cette comparaison révèle comment Pékin compte se développer dans le monde par la voie de la diplomatie et de l’économie, tandis que Washington se développe depuis des décennies, notamment suite à la chute de l’Union soviétique sur un modèle ultralibéral, appauvrissant davantage les pauvres et enrichissant davantage les riches, le tout dans des scenarios de sanglantes guerres permanentes. La pensée politique américaine se propage dans le monde sous l’étiquette de la Démocratie qui ne s’avère être que des manœuvres,  d’occupations, de massacres et du chaos.

Pour les États-Unis le 11 septembre 2001 va être une période charnière, notamment avec l’apparition du terrorisme type takfiriste. Ceci lui donnera le prétexte par la suite de faire de l’Islam en général un «ennemi universel». À partir de ce moment le terrorisme takfiriste favorisé et financé en grande partie par les États-Unis devient la raison par excellence pour détruire tous les pays et ainsi évincer tous les dirigeants qui ne se soumettent pas à leurs diktats.

Cependant, cette logique a poussé le camp occidental au déclin. Ce qui a favorisé l’arrivée sur la scène internationale des puissances comme la Russie ou encore la Chine. Cette dernière n’a pas fondé sa stratégie sur le concept des ingérences types humanitaires, ni sur un concept erroné de la Démocratie, ni sur la force militaire, mais uniquement sur le principe du développement économique.

Lors d’une visite en 2013 au Khasakhistan le président chinois Xi-Jinping évoqua le projet de la «Ceinture économique de la route du soie». Quelques mois plus tard en Indonésie le même président chinois évoqua l’idée de: «La route de la soie maritime». Depuis cette période, la Chine éprouve des désirs de s’étendre au Moyen-Orient.

C’est dans cet objectif que le président chinois a entamé une série de visites comprenant l’Arabie Saoudite, l'Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unies et bien d’autres pays au Moyen-Orient.

Les dirigeants chinois n’ont cessé d’affirmer depuis le Forum de coopération sino-arabe (China Arab States Cooperation Forum) de 2004 que le Moyen-Orient est pour eux un espace vital, nécessaire et décisif. En 2018 l’initiative Belt and Road prend plus d’ampleur. La Chine a promis 20 milliards de dollars pour la reconstruction économique au Moyen-Orient.

L’Égypte a signé un nombre conséquent de contrats et d’accords avec la Chine. Le nombre d’entreprises chinoises opérant en Égypte est évalué de nos jours à 1558 entreprises. Les investissements vont de même en Iran, en Turquie en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe.

L’alliance avec la Russie a permis à la Chine l’accès à plusieurs dossiers politiques au Moyen-Orient, élément manquant dans sa stratégie de développement. Ceci permet aussi à la Chine un désenclavement face aux États-Unis et ses tentatives d’encerclement depuis sa mer méridionale.

La Chine n’est pas intervenue directement dans la guerre en Syrie comme c’était le cas pour la Russie depuis 2015, mais elle a opposé à plusieurs reprises son veto à l’ONU, rejoignant la Russie.

Toutefois, la Chine s’est d’avantage impliquée en Syrie, en vue de la reconstruction. Le président syrien Bachar Al-Assad a affirmé en 2019 dans une interview pour la chaîne Phonix TV que la Chine est directement impliquée dans la reconstruction de la Syrie. Alors que le camp occidental y demeure réticent.

Quant à l’Europe par son alignement politique sur les États-Unis s’auto-exclue de l’équation politico-économique avenir au Moyen-Orient et aura beaucoup de peine à retrouver sa place jadis.

La Chine comme tous les pays d’Asie et du Moyen-Orient fait face à un extrémisme type takfiriste. Elle a déjà subi plusieurs attentats terroristes.

Cependant, la Chine est contrainte de jongler à la fois entre ses liens économiques avec des pays musulmans, comme l’Arabie Saoudite berceau de la pensée wahhabite, et sa politique sécuritaire, ainsi que sa surveillance des salafistes sur son territoire qui peuvent être utilisées par ses ennemis afin de saboter ses projets au Moyen-Orient.

Cependant, en juin 2014 le «parti Islamique Turkestan» chinois a officiellement révélé sa présence en Syrie notamment dans la région d’Idlib (Où se déroulent actuellement des combats acharnés) auprès de «Daech» et d’«al-Nosra». La menace takfiriste pèse également sur la Chine depuis l’Afghanistan et le Pakistan.

Les réserves d’énergies au Moyen-Orient intéressent particulièrement la Chine qui à partir des années 1990 est devenue un importateur et un grand consommateur.

En 2017 les importations chinoises en pétrole ont atteint 630 millions tonnes, dont 400 barils par jour à destination du Moyen-Orient. La Chine se place dans une logique de concurrence directe avec les États-Unis qui tentent par tous les moyens d’empêcher la Chine d’avoir accès aux ressources énergétiques du Moyen-Orient.

Pékin exploite à bon escient le retrait de Washington de l’accord de Vienne avec l’Iran. À titre d’exemple le pétrolier China Petrolieum Corporation avait signé un partenariat avec le groupe français Total afin d’exploiter le gisement de gaz naturel situé à cheval sur les eaux territoriales de l’Iran et du Qatar dans le Golfe arabo-persique. Le pétrolier chinois détenant environ 20% contre 30% pour le pétrolier français qui s’est vu contraint d’abandonner sous les pressions américaines un milliards de dollars d’investissements dans cette zone. La Chine ne s’est pas fait prier pour récupérer la place de la France.

Le retrait des États-Unis en janvier 2017 de son projet de Traité de partenariat transpacifique a permis également à la Chine de prendre la tête au moins d’un point de vue économique des puissances internationales.

La Chine a crée en octobre 2014 la Banque asiatique pour l’investissement (AIIB) dont plusieurs pays au Moyen-Orient sont adhérents, afin de contrecarrer les circuits financiers sous hégémonie américaine.

Enfin, la Chine bouscule par sa stratégie de développement la gouvernance politique et économique mondiale ainsi que le système monétaire dominé par les États-Unis via le Fond Monétaire International (FMI).

Toutefois, la Chine sera-t-elle à long terme un facteur de développement, d’équilibre et de paix au Moyen-Orient ? Fera-t-elle mieux que les Occidentaux ?

Publié par Al-Ahed News: https://www.french.alahednews.com.lb/34217/324

 

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